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Dans un grand boeing bleu de mer
8 novembre 2005

Scandale

Me voici bénévole depuis jeudi dernier sur un festival de films francophones sous titrés en anglais (pour une fois que ce n’est pas l’inverse): CINEMANIA !! Je vous l’avais dit, les festivals se suivent ici. J’ai trouvé que c’était une bonne idée de faire ça, de rencontrer du monde, de participer à un truc et d’être exploité certes, mais exploité avec un magnifique tee-shirt (chandail ici) noir et argent !! Bref une totale abnégation et surtout la possibilité de voir des films !!

Le soir du film d’ouverture, je faisais parti des heureux et heureuses élu(e)s bénévoles destiné(e)s à participer au bon déroulement de la soirée de Gala. Au début, je trouvais ça cool. Quelle chance… La soirée de Gala… Petits fours, paillettes, glamour… tout moi quoi !

30 minutes avant l’ouverture du cinéma, petit point avec notre responsable Ingrid :

« Ce soir il y aura plusieurs types de personnes. Tout d’abord le réalisateur du film, les producteurs, des acteurs… pour qui des places sont réservées avec leurs noms dessus. Ensuite une petite partie de la salle sera réservée à ceux qui ont gagné une place à un concours (les VIP) et le reste des places est pour tous les autres types d’invitations et les gens qui ont payés…(Bref ce sont donc les pauvres qui vont payer encore une fois.) C’est pas difficile, vous verrez. Ah zut, j’ai oublié de vous amener un carton d’invitation VIP pour que vous voyez à quoi ça ressemble et qui a le droit de passer. C‘est un rectangle de carton noir, c’est simple. Enfin je crois que d’autres invitations non VIP ressemblent à ça mais à un détail prêt… »

Ca commence très mal les enfants, je sais pas pourquoi. On arrive dans la salle et là on découvre le désastre, en fait les deux tiers de la salle sont réservés aux VIP, au milieu de tout ça deux rangées pour les STARS et histoire de compliquer la chose, les trois premiers rangs sont accessibles à n’importe qui. Ce qui veut dire que filtrer les gens à la limite entre VIP et PAUVRES ne sert à rien, puisque certains PAUVRES pourront passer pour aller s’installer sur les trois premiers rangs et bien sûr, vu que tu es seul à ton poste, tu dois leur faire entièrement confiance et les laisser passer en espérant qu’ils ne se mettent pas ailleurs que sur les 3 premiers rangs. Et toi tu dois gérer ça, sans avoir vu à quoi ressemblait un carton VIP.

Ouverture des portes, les gens commencent à arriver. Et plusieurs scénarios se déroulent alors de l’intrigue la plus simple, au mélodrame le plus total, en passant par le thriller psychologique.

1)      -Bonsoir, puis-je voir votre carton d’invitation ?

      -Oui voilà

      -Merci beaucoup, allez-y, bonne soirée.

2)      -Bonsoir, puis-je voir votre carton d’invitation ?

      -Quel carton ? On m’a rien donné.

     -Ah je suis désolé, ces places sont réservées. Mais vous pouvez vous asseoir ici ou alors aux trois premiers rangs. Bonne soirée.

3)      -Bonsoir, puis-je voir… I mean, can I see your ticket please ? OK thank you, have a good screening (screening, picture, movie selon l’occasion)

4)      -Bonsoir, puis-je voir votre…

      -Je suis de la presse, je viens pour le film.

     -Euh oui (comme tout le monde connasse, les autres aussi sont là pour le film), attendez un moment s’il vous plait (merde, on m’avait pas parlé de la presse).

     -Euh Ingrid, la dame là bas dit qu’elle est de la presse, elle m’a présenté son pass, je fais quoi ?

     -Comme les autres derrière ce soir !

     -Désolé madame mais ces  places sont réservées pour les invités.

     -Ah d’accord, c’est agréable.

     -Je suis navré (pas du tout en fait et ta carte de presse tu te la roules et …)


5)      -Bonsoir, vous avez votre ticket s’il vous plait ?

      -C’est quoi cette histoire ?

      -Ce soir c’est la soirée de Gala et certaines places (les deux tiers) sont réservées.

      -Oui mais vous voyez bien qu’il y en a plein de libres

      -Oui je vois mais les gens vont certainement arriver.

      -Peut être mais là il n’y a plus de place ailleurs…

      -Essayez d’aller voir sur le balcon

      -Oui c’est ça, c’est inadmissible

      -Je suis navré mais vous pouvez vous adressez à un responsable, moi je ne suis que bénévole et je fais ce que l’on m’a dit de faire.

      -Et bien faites.

6)      -Bonsoir, avez-vous votre pass, s’il vous plait ?

      -Non mais je suis une amie de Madame X…

      -Je suis désolé mais sans pass je ne peux rien faire.

      -Mais puisque je vous dis que je connais Madame X

      -Désolé…

      -C’est scandaleux.

      -(oui c’est sûr c’est un scandale, je serais vous je porterais plainte idiote)

7)      -Bonsoir Madame, puis-je voir votre ticket s’il vous plait ?

      -Je suis la directrice du festival

-Désolé, je vous en prie (sourire de faux cul)

En même temps, ce n’aurait pas été elle, c’était pareil. Je ne la connaissais pas.

Je vous passe les ami(e)s d’ami(e)s d'ami(e)s, les mamies qui ont mal aux jambes ou celles qui ne voient rien si elles ne sont pas devant, les invités qui ont oubliés leurs invitations, les PAUVRES qui ne respectent pas la consigne et qui s’assoient (oh scandale) sur les places VIP ou pire sur les places des STARS, avant d’atteindre les 3 premiers rangs (font chier les pauvres), les ordres et les contre-ordres (la presse passe pas, finalement la presse passe), les cartons d’invitation noirs, rouges, bleus, les pass, les cartes de presse et autres sésames plus invraisemblables les uns que les autres et que chacun brandit en espérant que cela va lui ouvrir les portes du paradis VIP. Au bout d’un moment, je commence à sentir comme un vent de protestation, des gens debout et plus une place dans le cinéma. On entend dire à droite et à gauche qu’ils ont vendu plus de places que prévu !!! L’horreur.

N’ayant plus de place disponible et la salle étant pleine, je remonte dans le hall d’entrée et je tombe sur l’attachée de presse, une vieille, la peau du visage tendue comme un tambourin et maquillée comme un camion volé, hystérique, en train de crier :

« C’est honteux, Ginette Ladouceur (ou un truc dans le style, bref un nom d’ici), n’a pas eu sa place et elle n’est pas la seule. Mais quand même, vous vous rendez compte, Ginette Ladouceur. C’est pas n’importe qui, c’est Ginette Ladouceur ! »

Pauvre Ginette. Je sais même pas qui c’est moi. A priori c’est une dame très connue, une de celles dont les noms étaient sur les fauteuils. Oui madame l’attachée de presse, mais si vous aviez mis quelqu’un qui connaît les invités pour les accompagner jusqu’à leur fauteuil, ça aurait fait très classe et cela aurait été efficace. Elle engueule Ingrid devant tout le monde, nous lance des regards méchants de ses petits yeux inexpressifs (Botox ? Mauvais lifting ?). Et là je commence à chanter dans ma petite tête : « On est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé… ». En même temps, y’avait une telle pression que je me sentais pas à l’aise.

Bref tout ce petit monde bouillonne et enfin on entend un discours cohérent émerger de la foule. La boss déboule, celle à qui j’avais demandé son billet, et fait un topo. En fait c’est madame qui a donné des places nominatives à d’autres personnes. Elle nous explique que c’est le réalisateur qui a insisté pour qu’on n’hésite pas à surcharger un peu, qu’en plus ils avaient fait gagner style 250 places VIP mais qu’ils n’en avaient fait réserver que 200 pensant que certains ne viendraient pas. Bref, elle nous dit qu’elle est ravie de ce début de soirée, de voir la salle pleine à craquer, que le réalisateur est aussi ravi. Sur ce, l’attachée de presse hystérique et liftée s’excuse en écrasant une larme et nous dit que si la présidente est contente alors tout va bien, qu’elle est désolée d’avoir crié sur Ingrid et un peu sur nous, par rebond. Connasse, j’appelle pas ça du rebond mais des éclaboussures de merde !! Grosses embrassades de faux-cul avec grandes tapes dans le dos, à l’américaine. Moi je me recule, « caresses de chien donnent des puces ».

Le festival démarre et je vais enfin fumer ma drogue pour me calmer parce que c’était du grand n’importe quoi tout ça.

Voilà, le film c’était «Va, Vis et Deviens » que j’ai donc vu pour la deuxième fois et je persiste à dire qu’il est fabuleux. Et passé l’orage, tout le monde a plongé dans le film, VIP, STARS, PAUVRES et Bénévoles, tout le monde a versé sa larme et les gens sont ressortis ravis, enchantés. Comme quoi ! Ca gueule puis ça applaudit !!

Fred cinémaniaco-dépressif

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M
Comment ça tu ne reconnais pas la directrice du Festival ? En même temps, cela ne me surprend pas vu que lorsque tu vas à une soirée de gala au bras de la directrice de la FNAC EN PERSONNE, tu ne le sais même pas (et elle non plus d'ailleurs !!!)
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